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HOMMAGES ET RÉTROSPECTIVES

Sport et cinéma


D'autres films, annoncés prochainement, complèteront cette rétrospective.

En 2024, année olympique, Premiers Plans se met au sport !

Les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne ont eu lieu en 1896, quelques mois seulement après l’invention du cinéma. En janvier prochain, le Festival mettra en lumière les liens qui unissent le sport et le cinéma à travers une vingtaine de films de tous les horizons (courts et longs métrages, fictions, documentaires, animation) montrant différentes facettes du sport dans diverses disciplines iconiques (football, boxe, cyclisme, gymnastique, hockey sur glace, rugby, skate...).

Plus d'infos



Longs métrages
The Loneliness of the Long Distance Runner
Tony Richardson
Royaume-Uni - 1962
Breaking Away
Peter Yates
États-Unis - 1979
Raging Bull
Martin Scorsese
États-Unis - 1980
Ali
Michael Mann
États-Unis - 2001
 
Siu Lam juk kau
Stephen Chow
Hong Kong / Chine - 2001
Bend It Like Beckham
Gurinder Chadha
Royaume-Uni / Allemagne / États-Unis - 2002
Des épaules solides
Ursula Meier
Suisse / France / Belgique - 2003
Afsaid
Jafar Panahi
Iran - 2006
 
This Ain't California
Marten Persiel
Allemagne - 2012
Red Army
Gabe Polsky
États-Unis / Russie - 2014
The Program
Stephen Frears
Royaume-Uni / États-Unis / France - 2015
Mercenaire
Sacha Wolff
France - 2016
 
The Rider
Chloé Zhao
États-Unis - 2017
Slalom
Charlène Favier
France / Belgique - 2020
Le Sommet des dieux
Patrick Imbert
France / Luxembourg - 2021
Olga
Elie Grappe
Suisse / France / Ukraine - 2021
 
 

Ciné-concert : À vos marques, prêts, burlesques !

 En partenariat avec le Printemps des Orgues

Comme au temps du cinéma muet où bonimenteurs, bruitistes et musiciens accompagnaient les films, l'organiste suisse Guy-Baptiste Jaccottet improvise sur l’Orgue hybride d’Angers la bande musicale de 2 courts métrages et d’extraits surprises.



The Champion
Charlie Chaplin
États-Unis - 1915
The High Sign
Edward F. Cline, Buster Keaton
États-Unis - 1921
 



[Suite de l'intro]

Comme le soulignait le critique Serge Daney, les évènements sportifs portent en eux leurs propres narrations : « Un match, comme un film, est un petit récit. Il peut très bien ne rien s’y passer, comme dans la finale McEnroe-Lewis d’hier (6-2, 6-2, 6-2). On fait les gestes du tennis, l’un gagne et l’autre pas, mais rien n’y fait événement. Un tournoi, c’est déjà un grand récit. Une année de tennis, c’est une vraie saga. » (Serge Daney, L’Amateur de tennis. Critiques 1980-1990, P.O.L.) Les scénarios puisent ainsi dans la réalité une structure à même de faire un récit, d’autant plus quand ces derniers croisent des questions sociales et sociétales plus larges : les discriminations raciales (Ali), le sexisme (Joue-la comme Beckham) ou encore l’identité une fois que la passion du sport n’est plus accessible (The Rider).

Les films racontent des histoires intimes entrelacées dans la grande Histoire. La représentation du sport pose question comme le pressent le champion de boxe Ali dans le film de Michael Mann. Se sentant instrumentalisé par un état dont il rejette la politique intérieure comme extérieure, Ali s’est battu toute sa vie pour abandonner son patronyme d’esclave, Cassius Clay. Il détruit par la force de ses points les carcans imposés et se demande alors qui il est, qui il désire devenir. « Pour certaines personnes de ma génération, c’étaient les questions les plus pressantes. » déclare le réalisateur qui, à travers une courte période de la carrière du boxeur, raconte un sentiment face au monde et à ces bouleversements.

Dans le film de sport, ce n'est ainsi pas toujours l'enjeu sportif qui est au coeur. Dans Hors jeu de Jafar Panahi, un groupe de femmes, en Iran, use de toutes les techniques possibles pour voir un match de foot, malgré l’interdiction des femmes à entrer dans un stade. Jake LaMotta, dans Raging Bull de Martin Scorsese, a beau être un grand champion, l’intérêt du film est ailleurs : dans son portrait auto-destructeur, entre moments de grâce et violence inouïe envers son entourage. Cela a aussi à voir avec la question de l'accès au sport, selon son milieu, son horizon social. Dans Breaking Away de Peter Yates, l’un des personnages évoque de manière émouvante sa carrière de footballeur avortée.

S’il existe un cliché du film de sport sur le modèle de la popularité avant la chute puis l'inévitable renaissance, Shaolin Soccer de Stephen Show se propose de le parodier dans un film entre le cartoon et le wu xia pan. La loyauté, l’honnêteté et le culte des valeurs ancestrales sont du côté de la bande de losers mais cela ne leur apporte que misère et injustice.

Le cinéma permet également de descendre des gradins pour être au plus près des sportifs comme dans Slalom de Charlène Favier et ces scènes de ski impressionnantes. L’animation du Sommet des dieux permet à Patrick Imbert de raconter pleinement un récit situé dans un cadre difficile à capter autrement. Deux récits autour du dépassement de soi comme point aveugle de la quête des sportifs.

La passion du sport a beau être une valeur cardinale, souvent au-dessus des autres pour la plupart des personnages des films présentés, elle devra être mise à rude épreuve par un monde qui a tendance à questionner nos plus profonds instincts et a nous troubler profondément. D’hier à aujourd’hui, sport et cinéma auront attiré des regards émus, parfois sidérés, pouvant se rencontrer le temps d’un moment suspendu.

Ecoutez la conférence sur la thématique Sport et Cinéma, pas Louis Mathieu