HOMMAGES ET RETROSPECTIVES
Isabelle Huppert, européenne |
© DR
Loulou
Maurice Pialat
1980 - France - 1h50
Horaires :
samedi 27 janvier - 22h15 - Pathé - 1
Nelly, une petite bourgeoise, quitte son mari pour Loulou, un marginal qui la séduit par son refus des conventions.
"Pialat ne l'aurait sans doute pas admis : il n'empêche, sa chronique d'un adultère est un grand film politique. Rien de plus éloigné en apparence de Maurice Pialat que la figure du cinéaste « engagé ». Et pourtant, en revoyant Loulou aujourd'hui, on prend la lutte des classes en pleine gueule. Oh, rien de didactique chez Pialat. Aucun discours, aucune caricature. Juste de la pâte humaine : des corps abandonnés à l'amour, à l'ennui, à l'alcool, à la violence. Nelly (Isabelle Huppert, souveraine, qui s'impose dans un rôle pour lequel avaient été envisagées Miou-Miou puis Sylvia Kristel) passe des bras (et du grand appartement) d'André (Guy Marchand, bouleversant de douleur rentrée) à ceux de Louis, dit Loulou (Depardieu, qui avait failli jouer dans La Gueule ouverte, remplace, lui, Jacques Dutronc). Pour dire les choses plus crûment, Loulou la baise encore et encore, et pendant un moment, elle ne voit que ça. Et puis, et là encore, sans le moindre discours, juste avec un sens du montage dément (aidé par Yann Dedet, quand même), Pialat fait sentir que le désir passe, qu'il doit se nourrir d'autre chose pour que la relation perdure. Peut-être faire un enfant ? Nelly tombe enceinte. Arrive alors la grande scène à la campagne chez la mère de Loulou, où l'on sent précisément, avec une acuité quasi intolérable, les heurts de deux mondes difficilement réconciliables. La bourge Nelly se retrouve confrontée à une forme de misère (Thomas, ce garçon jaloux qui veut tirer sur tout le monde), et on lit l'effroi sur son visage. Au plan suivant, elle aura avorté. Courant après le plaisir, les personnages de Loulou ne trouvent que le vide. Un vide angoissant, vertigineux. Une solitude fatale qu'incarnera longtemps le corps lourd et juvénile de Depardieu. Loulou est le Polaroïd d'un mal de vivre qui n'a pas pris une ride." (Olivier Nicklaus ; Les Inrocks)
GENERIQUE
Interprétation :Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Guy Marchand, Humbert Balsan
Scénario : Arlette Langmann, Maurice Pialat
Image : Pierre-William Glenn, Jacques Loiseleux
Son : Dominique Dalmasso, Gérard Loupias
Montage : Yann Dedet
Production : Action Films, Gaumont
Distribution : Capricci