38ᵉ édition
17-25 janvier 2026

Metsu (Monologue d’un cafard)

Gabrielle Geny, Mazarine Spinosa et Joao Quadros

Image Metsu (Monologue d’un cafard)
France
2025 Animation 7 min
VOST
Dans une pièce délabrée, un cafard s’éveille. Il s’affaire, prépare du thé, explore cette chambre vétuste. Il s’observe, s’admire, se moque. Sa voix s’élève, accusatrice, tranchante. Un réquisitoire contre ceux qui l’écrasent, le jugent, le trahissent. Il est leur reflet, leur culpabilité mise à nu.
Interprétation : Filipe Grinnan, Fausto Prado
Scénario: Gabrielle Geny, Mazarine Spinosa        
Texte originel : Joao Quadors
Animation : Gabrielle Geny, Mazarine Spinosa, Myra Thiemard
Montage : Gabrielle Geny, Mazarine Spinosa, Marin Lanoë-Danel
Design son : Mazarine Spinosa, Faustro Prado
Musique originale : Faustro Prado
Conception des décors et du personnage : Gabrielle Geny, Mazarine Spinosa
Doublage: Felipe Grinnan
Production : Joao Quadros
« Ce projet prend la forme d’un monologue visuel et sonore, une réflexion poétique et critique sur la marginalisation des individus dans une société contemporaine dominée par le capital. À travers une figure centrale – celle du cafard – je cherche à incarner cette humanité déchue, reléguée aux marges, souvent perçue comme un simple déchet du système de production. Le cafard est une métaphore forte. Il fait bien sûr écho à Kafka et à son œuvre La Métamorphose, où le protagoniste, transformé en insecte, devient littéralement l'incarnation de l'exclusion. Cette référence est enrichie par l’influence visuelle de l’animation Happiness de Steve Cutts, qui dénonce avec cynisme et précision l’absurdité de la société de consommation. Le texte s’inscrit également dans une tradition théâtrale plus ancienne, en s’inspirant du monologue de Shylock dans Le Marchand de Venise de Shakespeare, plaidoyer poignant pour la reconnaissance de l’humanité dans ce qu’elle a de plus vulnérable. Si ce monologue prend une dimension universelle, il s’adresse avec une acuité particulière à la réalité brésilienne. Au Brésil, l’invisibilité sociale, l’inégalité flagrante et la négligence institutionnelle ne sont pas des abstractions : elles façonnent le quotidien de millions de personnes. Ces corps oubliés, ces voix inaudibles, sont ceux que je veux faire entendre. Sur le plan esthétique, le choix de la stop motion est essentiel. Il ne s’agit pas seulement d’une technique : c’est une mémoire visuelle. Enfant des années 80-90, j’ai grandi avec des émissions comme Castelo Rá-Tim-Bum, qui mélangeaient animation, maquettes, matières organiques et poésie visuelle. Cette esthétique artisanale, presque naïve, crée un contraste puissant avec le propos sombre du monologue. Elle convoque une forme de surréalisme dramatique, à la fois ancrée dans le réel et détachée de lui – une esthétique que l’on retrouve aussi dans des œuvres emblématiques du cinéma brésilien comme La Cité de Dieu ou Dieu noir, diable blanc. Le recours à cette forme visuelle me permet de créer une tension entre l’enfance et la cruauté du monde adulte, entre le jeu plastique et la dureté sociale. En revisitant cette culture populaire à travers une approche critique et politique, je cherche à évoquer une émotion brute, une empathie qui ne passe pas par le pathos mais par la reconnaissance intime de l’absurde et du tragique. Ce projet est un cri contenu, un regard frontal sur l'injustice, habillé des artifices du souvenir et de l’imaginaire. Une tentative de rendre visible ce que la société s'efforce trop souvent d’ignorer. »