Le Pays des sourds
Nicolas Philibert
À quoi ressemble le monde pour les milliers de gens qui vivent dans le silence ? Jean-Claude, Abou, Claire, Florent et tous les autres, sourds profonds depuis leur naissance ou les premiers mois de leur vie, rêvent, pensent, communiquent par signes. Avec eux, nous partons à la découverte de ce pays lointain où le regard et le toucher ont tant d'importance. Ce film raconte leur histoire, et nous fait voir le monde à travers leurs yeux.
Scénario : Nicolas Philibert
Image : Frédéric Labourasse
Son : Henri Maïkoff
Montage : Guy Lecorne
Image : Frédéric Labourasse
Son : Henri Maïkoff
Montage : Guy Lecorne
Production : Les Films d'Ici
« Pour réaliser un tel film, Philibert (à qui on devait déjà La Ville Louvre) n'a pas hésité à prendre du temps, à visiter les sourds, les enfants dans les institutions où ils apprennent à parler, les adolescents dans leur centre d'apprentissage, les adultes sur leur lieux de travail, il a établi avec eux une véritable relation de confiance, qui apparaît à l'écran, dans la proximité de la caméra, la pudeur du cadre, la modestie de la présence que l'on sent derrière l'objectif et la capacité d'empathie du cinéaste. À tel point qu'après la projection, on a presque envie d'apprendre le langage des sourds, que le réalisateur lui-même a appris. Car elle est belle cette langue. Surtout par ce qu'elle nécessite d'expressivité et d'attention visuelle, elle requiert en effet un face à face véritable et une frontalité ouverte. Gestuelle, elle fait appel à des analogies et à une économie qui lui est propre. C'est ce qu'explique un professeur de ce langage, sourd lui-même. Avec un humour exubérant, il racontera aussi son enfance au cinéma. Mimant les westerns, comme le Chaplin du Pèlerin mime le combat de David et Goliath. Il expliquera que le langage des sourds est différent en France, en Belgique, aux États-Unis. Mais tellement plus proche que les idiomes parlés, qu'au bout de quelques heures de rencontre, un sourd chinois peut comprendre un sourd français. Dès lors, il n'y a plus lieu de s'étonner quand le professeur ajoute qu'il plaint les entendants. » (Edouard Waintrop ; Libération)