37ᵉ édition
18-26 janvier 2025
Image Edward aux mains d'argent
© D.R.
États-Unis
1990 Fiction 1h45
VOST
Il était une fois une cité résidentielle aux maisons colorées. Peggy, représentante en cosmétiques, effectue sa tournée sans parvenir à vendre ses produits. Elle se décide alors à chercher un client dans le mystérieux château perché sur les hauteurs de la ville où elle découvre un jeune homme apeuré et hagard. Il s'agit d'Edward, un être créé par un génial inventeur mort juste avant de lui greffer des mains. La pauvre créature est donc affublée de lames de métal très tranchantes à la place des doigts. Attendrie, Peggy l'invite dans sa maison. L'arrivée d'Edward déclenche la curiosité des voisines qui accourent pour voir l'étrange inconnu…
Scénario : Tim Burton, Caroline Thompson
Image : Stefan Czapsky
Montage : Colleen Halsey, Richard Halsey
Musique : Danny Elfman
Production : Twentieth Century Fox
Distribution : 419
« Sous le conte poétique et l'hommage au cinéma fantastique se profile une légende moderne et satirique des conformismes américains. La petite ville accueillante du film renferme tous les maux d'une société enracinée dans ses traditions et coincée dans ses préjugés. Tim Burton décrit un monde qu'il connaît bien, celui d'une banlieue de Los Angeles où il a grandi. En levant le voile sur le vrai visage de l'Amérique profonde, il bâtit une parabole sur la condition précaire de l'artiste prisonnier des règles hollywoodiennes. (…) Ce regard lucide porté sur l'industrie cinématographique transparaît nettement dans Edward aux mains d'argent. Son héros symbolise un artiste qui, après avoir été adulé pour son originalité, se voit soudainement méprisé parce que jugé incontrôlable. Le film peut alors se lire comme une fable poignante sur la solitude et les déchirements du créateur. À travers ce portrait sans complaisance des États-Unis, le film propose également une réflexion sur l'incommunicabilité et sur l'intolérance. Face à l'inconnu, en l'occurrence un être excentrique et différent, la société réagit violemment. (…) De manière ironique et grinçante, Tim Burton montre l'envers du décor d'un univers apparemment hospitalier qui cache en fait les pires travers. Sa démarche est d'autant plus pertinente qu'elle procède par un renversement de situation : la monstruosité n'est pas là où on l'attend. L'inquiétant Edward se révèle un être charmant, totalement inoffensif tandis que les affables ménagères se métamorphosent en de redoutables sorcières. Lors de la sortie du film, certains y ont vu une parabole sur le Sida, reconnaissant dans ces méthodes d'exclusion les humiliations subies quotidiennement par les victimes de la maladie. Tim Burton ne refuse pas cette interprétation mais préfère laisser au spectateur le soin de déceler toutes les métaphores qu'il souhaite. Il reconnaît néanmoins que de nombreux malades se sont fait projeter le film dans les hôpitaux américains. En vérité, toute minorité, tout marginal, voire toute personne en léger décalage par rapport aux normes sociales, peut se reconnaître dans le personnage d'Edward. Tim Burton avoue s'y être d'ailleurs légèrement projeté. ''Je suis très introverti, un peu comme Edward, dit-il. Moi non plus je n'arrive pas à m'adapter. Dans les soirées, je me sens étranger, mal à l'aise. Edward c'est aussi un peu chacun de nous.'' » (Danièle Parra)