HOMMAGES ET RETROSPECTIVES
Voisins-Voisines |
No Man's Land
Danis Tanović
2001 - France / Bosnie-Herzégovine / Italie - 1h38 - VOST
Durant la guerre de Bosnie, en 1993, Ciki et Nino, deux soldats ennemis, l'un Bosniaque et l'autre Serbe, échouent dans un no man's land. Pendant que les deux hommes essaient de trouver une solution à leur problème, un Casque Bleu français tente de les aider, allant à l'encontre des ordres de ses supérieurs. Les médias s'en mêlent, transformant un simple fait divers en un show médiatique international.
« No Man's Land impose vite l'acuité et l'originalité de son regard. Dès la première séquence, avec des soldats bosniaques perdus dans la nuit, loin de leurs lignes, on comprend que No Man's Land a trouvé un ton, une façon de mélanger comédie forcément grinçante et film de guerre qui lui donne tout son prix. Pour rendre sensible toute l'absurdité de cette guerre dont les protagonistes parlent la même langue, Danis Tanović se garde bien de juger qui que ce soit. Si lui-même est bosniaque, il refuse le manichéisme et le portrait à charge des Serbes et s'attache à camper de véritables personnages plutôt que des figures représentatives. À cette première qualité s'ajoute un beau filmage classique, simple et direct, qui refuse tout effet afin d'insister sur la trivialité de la situation, la part de dérision qui se niche dans la tragédie. Nourri de maints détails qui sonnent toujours justes, le film part d'une anecdote (trois soldats, deux Bosniaques et un Serbe, coincés dans une tranchée du no man's land, l'un étant blessé et gisant sur une mine) pour élargir peu à peu le champ d'investigation. Cette structure en relais permet à Tanović d'éviter la lourdeur de la métaphore et d'imprimer à son film une drôlerie qui rappelle un peu le Altman des bons jours. C'est ainsi que toute discussion idéologique entre les combattants est soumise au droit du plus fort, à celui qui est du bon côté du fusil. Dans un paysage splendide, sous le soleil, se joue la comédie de la guerre, avec des médias occidentaux hystériques, des soldats anglais et français plutôt grotesques (la Forpronu en prend pour son grade…), et des combattants qui hésitent entre début de complicité (le Serbe et le Bosniaque ont connu la même fille, il y a longtemps) et rappel de piqûres de haine. Tout ça finira mal, évidemment, mais le film aura distillé sa vision, qui n'est pas surplombante mais au ras des pâquerettes et des individus, avec une part de théâtralité assumée qui la rend d'autant plus étrange et forte. » (Serge Kaganski ; Les Inrocks)
GENERIQUE
Interprétation :Branko Djuric, Rene Bitorajac, Filip Sovagovic, Georges Siatidis, Serge-Henri Valcke
Scénario : Danis Tanović
Image : Walther van den Ende
Montage : Francesca Calvelli
Musique : Danis Tanović
Production : Noé Productions